Epilogue sur A.

Toutes mes tentatives pour renouer à distance avec A. des liens comme au temps de notre enfance et de notre adolescence ont échoué.
Nous échangons maintenant des mots complètement creux, qui me font honte pour nous. Je préfèrerais que nous nous taisions.

Quand nous étions petites, A. était ma soeur.
Mais A. avait une soeur, une vraie celle-là. Parfois j'étais témoin de leur complicité si forte de soeur, de leur vie côte à côte au quotidien. Ca me rendais follement jalouse. Je n'aurais pas voulu que A. soit ma soeur. Mais j'aurais voulu qu'elle et sa soeur ne soient liées que comme je l'étais à ma soeur.

Par hasard, c'est juste quand j'ai commencé à me rapprocher de sa soeur que je me suis éloignée d'A.
Nous allions au même lycée. J'ai pu constater alors le fossé incroyable entre la A. que je connaissais, ses idées et ses états d'âme, et la jeune lycéenne dans sa vie sociale que je croisais tous les jours. Je savais que A. en était consciente et qu'elle en souffrait beaucoup. Mais cet écart était trop déroutant pour ne pas me gêner.
Pendant ce temps, Swift me faisait rencontrer ses amis, qui étaient fous, l'assumaient, et me faisaient marrer.

Je serais à présent beaucoup plus indulgente envers A.
La vérité est qu'elle était beaucoup plus mature et plus fragile que moi. J'étais plus jeune qu'elle d'un an et c'était un écart considérable.

Petit à petit, le lien s'est effiloché.