Pic
Jamais, dans aucun livre que j'aie lu, je n'ai lu la description d'une crise de manque - je ne parle pas de drogue, je parle de sexe.
Dans le meilleur des cas, le gars dont il est question est "pris d'un violent désir". Je suppose, faute de plus d'explicitation, qu'il bande trop sa race - les mecs se comprennent entre eux quand ils disent ça ; moi, ça m'avance relativement peu, et d'ailleurs, c'est pas une crise de manque.
Je sors d'une journée harassante, que j'ai en plus grande partie passée dans un lit à lutter contre le manque. Je m'accrochais désespérément à mon bouquin (le bouquin retraçait un interrogatoire politico-métaphysique dans une prison stalinienne - c'est dire si j'y mettais du mien pour me changer les idées), luttant phrase après phrase pour rassembler mes esprits. Et paragraphe après paragraphe, j'étais complètement submergée par la vague et je décrochais.
Je ne sais pas si c'est pour tout le monde pareil.
Moi, quand un chien se jette en aboyant sur un grillage devant lequel je passe, je sens cette espèce de giclée qui se répand ensuite en fourmillement dans mon corps.
Il paraît que les chiens sentent ça. C'est ce qui les fait se jeter sur celui qui a peur.
La crise de manque, ça commence pareil.
Il y a cette petite giclée, dans la tête, ou peut-être dans la nuque. Et puis un engourdissement qui redescend dans les bras, et s'attarde aux coudes et aux poignets.
Mais là, il n'y a pas de chien. Juste une pensée un peu trop forte, une idée dont j'ai un peu trop envie.
Malgré moi aussi, je retourne le problème Baltazar dans tous les sens.
Mais je le retourne comme s'il était primordial de le régler dans l'heure, sans attendre. La réalité se disproportionne dans ma tête. Le mois prochain me semble dans un lointain inconcevable. Attendre une semaine serait déjà une torture.
Un pic d'hormone peut-être.