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Sous la peau de la vache
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10 janvier 2010

Je ne sais pas contre qui je suis le plus furieuse, dans l'histoire.

Alors figurez-vous que mon frère a encore fait une tentative de suicide.
Puis moins soft que ce qu'il a pu faire d'autres fois. Là il a avalé du verre pilé. J'ai un peu du mal à imagnier ce que ca donne, mais c'est sans aucun doute moins anodin que de se laisser mourir de faim dans son lit (ca c'était son idée de l'an dernier pour Noel).
Bien évidemment, impossible de le voir en ce moment, il est à l'hôpital, drogué à mort qui plus est. Vraiment un joli conte de Noel, et bien sûr bonne année bonne santé à tous, hein.

Nan mais je rêve ou quoi ?
Ils l'ont laissé sortir le jour de l'an ??? Mais à quoi ca sert qu'il soit dans une clinique, interné, qu'il voie un psy, si ils sont pas fichu de se rendre compte qu'il fait le coup TOUS LES ANS À LA MÊME DATE ???
Mais même moi je l'ai vu sur son visage, à la facon qu'il a eu de serrer les lèvres en refusant de passer le réveillon chez ma tante, j'ai pas eu besoin de plus que ca pour comprendre qu'il avait une idée derrière la tête. Que le réveillon ne se passerait pas sans mal.
Mais je me disais que tout ca se passerait au moins dans cette clinique, qu'on interviendrait, que ca ne pourrait pas aller bien loin.  Et j'ai pas pensé une seconde qu'ils allaient le laisser sortir. Mais ils pensaient quoi ? Qu'il allait rentrer faire le ménage dans son appart ? Se commander une pizza et regarder le compte à rebours sur TF1 ?

Et puis je rêve ou on est le 8 janvier, et que ca fait une putain de semaine que mon frère est à l'hosto, que si ca se trouve il a failli mourir, et que personne ne m'a rien dit ???
Mais on parle de qui ? De mon frère ou bien ? Comme si j'avais pas échangé des mails avec ma mère depuis, comme si ma soeur avait pas eu l'occasion de me le dire, comme si mes tantes ne m'avaient pas téléphoné pour me souhaiter la bonne année depuis.
A moins que personne ne soit au courant à part ma mère, ce qui ne m'étonnerait qu'à moitié de sa part.

C'est peu dire que je suis furieuse, et que j'ai une sacré envie de vomir dans le ventre.
Et je ne sais pas contre qui je suis le plus furieuse, dans l'histoire.

Ou alors c'est contre moi-même.
D'avoir vu venir le truc et de n'avoir rien dit. Parce que ca me paraîssait une telle évidence. Peut-être même que c'en était vraiment une pour ma mère aussi, pour les infirmiers même peut-être.
Si c'est le cas, comment peut-on rester juste là à ne rien faire ? Mais que fais-je de plus, moi ? Moi qui le comprends si bien quelque part, parce qu'on est trop semblables tous les deux pour que je ne le comprenne pas. Parce que j'ai grandi moi aussi dans ces livres et cette culture, la même que la sienne, que j'ai rencontré moi aussi ces idées qui l'ont désespérées.
Est-ce que je ne peux rien faire ? Ou est-ce que je n'ai pas le courage de faire quelque chose ?

Mes derniers jours de maladie m'ont aussi conduite dans un abîme passionnant et effrayant. S'y sont mélangés Debergé, Francoise Heritier, Levi-Strauss et Compte-Sponville, à travers des nuits d'insomnie et de fièvre.
Je ne sais pas ce que j'ai chopé comme rhume, si c'est LA grippe aborrhée ou non, mais je ne sais pas si je me relèverai indemne de ces quelques jours.

Hier à deux heures du matin, j'ai été prise d'une crise de fièvre violente.
En me croisant dans le miroir, je me suis vue livide, le contour des yeux violacé, les lèvres d'un rouge tranchant.
J'ai eu tellement peur. J'ai éteind la lumière.

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